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Les séparatistes armés multiplient les abus dans les régions anglophones du Cameroun

Des enlèvements et meurtres récents mettent en évidence la flambée des violences

Un membre du Bataillon d’intervention rapide (BIR), une unité d’élite camerounaise, patrouille dans la ville de Buea dans la région anglophone du Sud-Ouest, le 4 octobre 2018. © 2018 Reuters / Alamy Stock Photo

Le 27 février, des séparatistes armés ont enlevé John (son nom a été modifié), un médecin de la région anglophone du Nord-Ouest du Cameroun et l’ont emmené dans leur camp. Ils ont accusé John de « ne pas avoir contribué à la cause », pointant une arme dans son dos et menaçant de le tuer. Il a été remis en liberté six heures plus tard, après paiement d’une rançon d’un montant de 300 000 francs CFA (544 dollars US).

« Ils ont dit que je devais leur donner de l’argent pour soutenir leur lutte pour l’indépendance, pour acheter des armes », a témoigné John à Human Rights Watch. « Ils m’ont dit de ne raconter à personne ce qui m’était arrivé, sans quoi, ils me tueraient, moi et tous les membres de ma famille. »

Des histoires comme celle de John ont trop souvent été entendues dans les deux régions anglophones du Cameroun. Depuis 2017, les séparatistes armés ont enlevé des centaines de personnes, dont des élèves, des membres du clergé, des dirigeants politiques et des travailleurs humanitaires, tout en appelant les régions anglophones à déclarer leur indépendance. Les séparatistes ont en outre imposé un boycott des établissements scolaires dans ces mêmes régions pour protester contre ce qu’ils dénoncent comme l’assimilation du système éducatif anglophone dans le système central francophone.

Le récent enlèvement de John s’est produit sur fond de regain de violences commises par les séparatistes depuis deux mois.

Le 13 février, des combattants séparatistes ont tué trois chefs de tribus dans le village d’Essoh Attah, situé dans la région du Sud-Ouest, parce qu’ils avaient refusé de leur reverser les bénéfices de leurs ventes de cacao et avaient promu l’éducation, selon les médias.

Le 9 janvier, des combattants séparatistes présumés ont tué le proviseur d’un lycée à Eyumojock et blessé celui d’un lycée de Tinto, tous deux situés dans la région du Sud-Ouest, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et les médias.

Les séparatistes ont entravé l’acheminement de l’aide humanitaire, tuant et torturant ceux qu’ils soupçonnaient de collaborer avec les autorités et les forces de sécurité. « Nous sommes à la merci de leurs armes », a confié un homme âgé de 35 ans de Bafut, dans la région du Nord-Ouest. « Les combattants séparatistes harcèlent tout le monde. Ils exigent de l’argent et si vous n’êtes pas en mesure de payer, ils vous menacent ou vous kidnappent. »

Les forces armées camerounaises, qui ont mené de multiples opérations marquées parfois aussi par des violations dans les régions anglophones, devraient garantir plus efficacement la protection des civils. Le Conseil de sécurité de l’ONU et les partenaires internationaux du Cameroun devraient faire comprendre aux dirigeants séparatistes que ces crimes ont des conséquences, notamment en imposant des sanctions ciblées, telles que l’interdiction de voyager et le gel des avoirs, à tous ceux dont la responsabilité est établie dans ces exactions.

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